14-18NEXANSJOURNAL

Tout un symbole - derrière Didier Mahu et Ghislain Alliaume la grille de Nexans s'est refermée

CHAUNY (Aisne). Un an après la fermeture officielle  du site, un rassemblement est prévu ce 17 septembre pour les anciens Nexans… et plus si affinités.

«CERTAINS sont obligés de revenir sur le site pour la cellule de reclassement. Il y en a qui, de temps en temps, font un tour dans l'usine, et d'autres qui ne veulent plus aller au-delà du local de la cellule… Ils ne veulent pas voir le vide. » Didier Mahu et Ghislain Alliaume sont des anciens de Nexans à Chauny. A 55 ans, le premier est en portage, c'est-à-dire que jusqu'en juin 2011, il travaille au nettoyage du site. A 48 ans, le second est en cellule de reclassement, plus particulièrement intéressé par un emploi dans l'informatique.
Ils sont à l'origine de l'organisation d'un rassemblement des anciens de Nexans, le vendredi 17 septembre à 11 heures devant l'hôtel de ville de Chauny, un an après la fermeture officielle de l'usine.
La peur du néant
« Tous les deux, nous avons 21 et 26 années de boîte. On ne peut pas tirer un trait sur cette partie de notre vie. » Didier Mahu insiste là-dessus. On perçoit que l'idée que le fil qui reliait les générations, de la Thomson à Nexans, soit cassé lui fait durablement mal : « Nous avons hérité quelque chose de nos parents, pour certains des grands-parents, et nous, nous sommes dans la situation de laisser le néant à nos enfants… C'est ce qui reste quand tout le monde autour a oublié que 220 personnes avaient été mises sur le carreau. »
C'est pour cela qu'il invite le plus grand nombre d'ex-Nexans mais aussi de personnes étrangères à l'entreprise à venir au rassemblement du 17 septembre : « Il faut que l'on puisse discuter entre collègues, des années qu'on a passées ensemble, et du devenir des uns et des autres. Quant aux soutiens extérieurs, ils étaient primordiaux pendant le combat, et ils restent importants après… ».
Photos avant/après
A côté de celui du comité de soutien aux Nexans, Didier et Ghislain avaient créé en novembre dernier leur blog (14-18nexansjournal.blog4ever.com) pour aider à « fixer la mémoire » et aider ceux qui vivent plutôt mal le présent.
« Nous en sommes à 16 000 visites depuis la création. On voit que des gens sont intéressés par l'après-Nexans. Nous faisons voir le démantèlement de l'entreprise, avec la dispersion de l'outil de travail aux quatre coins de la planète - Allemagne, Grèce, Suisse, Angleterre, Norvège. »
Ils montrent chaque atelier avant/après, avec et sans machines.« Hier, ajoute Didier, j'ai balayé le secteur TE 25 (ancien atelier de machines monofil), totalement vide… ». Il s'arrête. L'émotion. On parle d'autres choses. Les enfants et les petits-enfants. « Ils me racontent leur rentrée, l'école. C'est marrant… Heureusement qu'ils sont là », termine le tréfileur en réprimant difficilement une larme.

François FENE