A la recherche du nouvel « ancien de Nexans »

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Didier et Ghislain entretiennent le lien ténu qui relie encore sur la toile les anciens de Nexans.

Un an après le déluge, les anciens Nexans sont conviés le 17 septembre à un rassemblement. Plutôt cette fois pour en faire le deuil.

Un an, jour pour jour, après l'annonce de la fermeture du site Nexans, d'anciens salariés du site appellent à un rassemblement sur la place de l'hôtel de ville, le 17 septembre à 11 heures.
« Il ne faut pas qu'ils croient qu'avec une prime de licenciement, on achète tout et surtout pas les années de travail et de sueur et une vie d'ouvrier que nous avons fait » clame l'appel au rassemblement qui circule depuis quelques jours en ville et sur le blog des anciens de Nexans.
Le message est clair : il ne s'agira pas tant de rediscuter des conditions de cessation d'activité que de faire le deuil d'une période de leur vie qui continue de les hanter.
Didier Mahu comptait vingt-six ans d'ancienneté dans l'entreprise ; Ghislain Alliaume, 21 ; ensemble, ils témoignent volontiers de la difficulté qu'il y a à tirer un trait sur ce qui s'apparente à un véritable traumatisme dans le cours de leur vie.
« On voit bien d'après les commentaires que nous recueillons sur notre blog, que des gens ont besoin de parler ; je me souviens d'un commentaire en particulier dans lequel j'ai ressenti une profonde détresse. Il était anonyme ; j'ai immédiatement entrepris d'en connaître l'origine car j'ai eu réellement très peur pour son auteur » rapporte Didier Mahu.

Puisqu'on en parle

Le blog en question, c'est 14-18 Nexans Journal (*).
Il est le « bébé » de Didier qui, initialement, y diffusait tout ce qu'il pouvait collecter de documents photographiques relatifs à Nexans. « On m'appelait le photographe Nexans » se souvient-il.
Lorsque la nouvelle de la fermeture est tombée, un blog de soutien a par ailleurs été crée à l'initiative de l'épouse d'un salarié. Progressivement, les deux blogs se sont rapprochés jusqu'à opérer sur le même

terrain.
Tout juste manquait-il à Didier la technicité qu'il a trouvé en Ghislain. Ensemble, ils entretiennent depuis ce lien ténu qui les relie encore à leurs anciens collègues.
« Certains sont partis à Bourg-en-Bresse ; d'autres à Bohain ; on ne sait pas exactement combien il reste de gens dans la cellule de reclassement » explique Ghislain.

Se reconstruire

Dès lors, lui, estime salutaire ces liens entretenus sur la toile informatique. « Dès lors que les gens prennent la peine de parler de Nexans, c'est qu'il y a quelque chose ; au minimum une pointe au cœur. »
Didier va plus loin. Ce blog l'a « aidé à tenir ».
Lui qui compte au nombre de la quinzaine de salariés « non recyclables » (ndlr : le terme est de lui) qui jusque juin 2011, assureront le nettoyage, le rangement et l'expédition du matériel recyclable vers d'autres sites, ne trouve plus ses marques sur son lieu de travail. « On y est plus pour construire mais pour détruire alors qu'au travers du blog, j'ai l'impression de construire quelque chose ; une mémoire commune dont il restera forcément des traces ».
Il se lève le matin ; son premier réflexe est de mettre l'ordinateur en fonction pour consulter le blog et les commentaires qu'il rapporte. Sa vie est aujourd'hui bien moins rythmée par son travail que par ce qu'il construit au travers d'un blog.
Cela a donné à nos deux comparses une idée : puisque le but est d'aider les anciens de Nexans à se reconstruire, c'est dans cette direction que doit dorénavant s'orienter 14-18 Nexans Journal. « Nous devons à présent collecter les témoignages de gens qui ont réussi à se reconstruire pour partager leurs expériences » annonce

Ghislain.


(*):14-18nexansjournal.blog4ever.com